Par Nintendo, le 14 juin 1994, sur Game Boy puis 3DS – Avant de chasser les bananes à dos d’autruche ou de se prendre des carapaces bleues dans le popotin, Donkey Kong était un authentique méchant. Oui, de ceux qui capturent les jeunes femmes et les emmènent en haut d’un échafaudage. D’ailleurs, avant que Mario ne lui pique la vedette, le gorille avait sa propre série, toujours d’actualité de nos jours (mais bien moins prolifique qu’à l’époque), et dont quelques unes des plus belles heures ont vu le jour sur la monochrome de Nintendo.

The King of Kongs ‘94

Cet épisode, que l’on surnomme parfois Donkey Kong ‘94, ne doit pas être confondu avec l’épisode original de Donkey Kong. À première vue, il pourrait se faire passer pour un remake en noir et blanc, surtout avec ses quatre premiers stages identiques. Mais voilà, cette mouture Game Boy ne se contente pas de s’étaler sur quatre tableaux mais sur, tenez-vous bien, 101 niveaux. C’est sûr que d’un coup, c’est bien plus conséquent. Et comme son titre l’indique, ce jeu de plateformes ne ressemble pas à un Mario (bien qu’il soit le héros de l’aventure) mais bel et bien à un Donkey Kong. Cela implique des sauts bien moins spectaculaires, une mort instantanée en cas de chute trop haute et une appréhension intelligente de chaque niveau pour en venir à bout. En effet, chacun d’entre eux présente un petit puzzle qu’il faudra bien comprendre pour ne pas vider le stock de vies, qui, s’il se remplit vite, se vide également en un rien de temps.

Dans chaque tableau, le macaque va cacher Pauline derrière une porte (parfois invisible, d’ailleurs). L’idée est de récupérer la clé qui permet d’aller de stage en stage. Pour se défendre, Mario connait quelques nouveaux tours, dont le backflip que l’on retrouvera dans Super Mario 64, la possibilité de faire le poirier pour parer les projectiles ou sauter plus haut, ainsi que la capacité de s’accrocher à une corde, comme dans Super Mario Sunshine, et de s’envoyer en l’air comme un rocket man. Les niveaux sont truffés de pièges (pics de glace qui tombent, icebergs qui coulent, etc.) et il faudra utiliser avec sagesse les items à disposition pour créer des échelles, des plateformes ou des trampolines. Il faut donc toujours comprendre que faire avec quel objet à quel moment. Le tout est extrêmement varié et il est rare de s’y ennuyer. Il est d’ailleurs intéressant de reprendre les niveaux pour y améliorer le score (qui est enregistré) ainsi que d’attraper tous les objets bonus (trois par niveau). Tous les quatre niveaux, on affronte le singe en personne (voire son fils), qui fait office de boss, et on a la possibilité de sauvegarder.

Super Donkey Kong

Au niveau de la réalisation, il n’y a pas grand chose à attendre du monstrueux chipset graphique de la Game Boy, cela va de soit. Néanmoins, le tout a été soigné pour qu’on retrouve l’ambiance propre à la série Donkey Kong : ses bruitages sont de retour, les musiques s’en inspirent, les éléments graphiques y sont : échafaudage, tonneaux, singes poilus… Il faut tout de même souligner la fluidité à laquelle le jeu tourne, contrairement à certains autres titres de la Game Boy. Si c’est fatalement monochrome sur la console portable, c’est beaucoup plus sympathique sur Super Game Boy. En effet, Donkey Kong était le titre ambassadeur de l’accessoire qui permettait de jouer aux jeux GB sur Super Famicom. Et là, comme par enchantement, c’est plus joli, avec une borne d’arcade de Donkey Kong en guise de contour d’écran. D’ailleurs, on regrette que la version Virtual Console parue sur 3DS ne se cantonne qu’au noir et blanc. La possibilité d’y jouer avec les options du Super Game Boy aurait été fort appréciable.

Donkey Kong est un classique parmi les classiques, c’est évident. Cette version GB est néanmoins peut-être un peu moins connue. Il faut dire qu’en sortant un épisode tous les dix ans (Donkey Kong 3 en 1984, Donkey Kong en 1994, Mario Vs. Donkey Kong en 2004) et avec la saga des Donkey Kong Country qui est passée par là, la série a peut-être légèrement perdu l’intérêt des fans en chemin. Ne vous y trompez pas, cependant. Cette mouture mérite toute l’attention du monde. Très variée, difficile, longue et pleine de bonnes idées, elle est en plus parfaitement bien adaptée à son support. Derrière ce petit jeu nomade se cache un grand jeu de plateformes.