Par Konami, le 27 octobre 1989, sur Game Boy – On ne présente plus Dracula Densetsu, que l’on connait sous nos latitudes sous le titre de Castlevania: The Adventure. En plus d’être d’une difficulté alarmante, il est considéré par une majorité de gamers comme le plus mauvais épisode de la saga. Le problème ne vient pas uniquement de la maniabilité horripilante. Le fait est qu’on a enlevé à cet opus, allez savoir pourquoi, tout ce qui fait d’un Castlevania un Castlevania. Amputé d’un grand nombre d’éléments qui font la force de la série, il ne reste, hélas, pas grand-chose à cet opus pour briller.

Un siècle de retard

Après s’être installé dans les salles enfumées pour peu de temps, avouons-le (n’est pas Gradius qui veut), Castlevania s’est invité plus durablement sur les consoles portables, sur Game Boy pour être précis, pour nous raconter l’histoire de Christopher Belmont, cent ans avant les évènements du premier opus. Le problème, c’est que Castlevania: The Adventure est paru au tout début de la carrière de la Game Boy, à une époque où la vélocité technique de la machine n’était pas totalement maîtrisée. Le résultat ? Un jeu qui rame comme il n’en peut plus. Il n’y a pourtant pas une foule de choses affichée à l’écran, mais c’est si mal programmé que ça ralentit en permanence. Et quand on voit la vitesse à laquelle Christopher Belmont se traîne, on se dit que la chasse aux vampires ne va pas être une partie de plaisir. Mais bon, ça pourrait éventuellement peut-être passer, avec beaucoup d’indulgence. Mais le bouquet final nous vient des sauts. Vous allez me dire que dans la série, les sauts ont toujours été une plaie. Je vous répondrai, mon ami, qu’on touche avec cet épisode le bas-fond ! D’ailleurs, à côté de ce Castlevania: The Adventure, Haunted Castle ou le premier opus semblent aussi jouables qu’un Super Mario Bros., c’est dire. Pour vous expliquer un peu le désastre, les sauts ne propulsent pas le joueur très loin. En fait, même s’ils sont relativement hauts, ils ne permettent que de franchir des précipices de quelques pixels. Et comme si ça ne suffisait pas, toutes les plateformes sont programmées en considérant que le joueur a atteint la limite de la dernière plateforme, à savoir que le héros marche déjà dans le vide. C’est un coup à prendre, diront certains, mais je peux assurer que c’est typiquement le genre de coup qu’on ne prend jamais.

À côté de ça, le jeu se trame selon un déroulement on ne peut plus classique. Quatre niveaux, quatre boss et le château s’écroule. D’ailleurs, je ne comprendrai certainement jamais d’où sort le sous-titre The Adventure. Plus action que cet opus, tu meurs. Mais bon, admettons. Rien de très novateur donc, au contraire même, puisque ce volet se permet de faire abstraction de beaucoup d’éléments essentiels au bon fonctionnement de la série. Première victime de cette boucherie : le bestiaire. Pas le moindre squelette à se mettre sous le fouet, pas de floating eye, rien de très Castlevaniesque. Mais en plus, âmes sensibles, ne lisez pas cette phrase : les armes secondaires ont totalement disparu. Du coup, on se balade avec son fouet, qui évolue quand on ramasse des cristaux (il peut lancer une boule de feu) ou régresse au contact d’un ennemi. Les coeurs, dans cette mouture, remplissent la barre de HP et on peut attraper une croix, qui rend invulnérable pour quelques secondes. Et c’est tout. D’ailleurs, les environnements ne sont pas non plus dignes de la série. Ne comptez pas escalader la tour de l’horloge ou traverser un bon vieux cimetière. C’est beaucoup plus conventionnel. Ce titre sauve son honneur, néanmoins, en proposant une des meilleures bandes originales de Castlevania. Certes, c’est orchestré par le haut-parleur de la Game Boy, mais les mélodies sont mémorables et leurs reprises orchestrales sont sidérantes. C’est le seul véritable bon point. Pour le reste, circulez.

Classique malgré lui

Bien qu’il soit le vilain petit canard de la saga, Castlevania: The Adventure a réussi, allez savoir comment, à acquérir une certaine notoriété. Il est d’une part réapparu en 1997 dans la compilation Konami GB Collection aux côtés de Gradius, F1 Spirit et Contra. Mais le plus étonnant reste le remake de 2009. Après avoir donné un coup de jeune à Gradius et Contra sous forme de WiiWare, le studio M2 s’est attaqué à ce Dracula Densetsu ReBirth, résultant en un remake qui n’a, en réalité, plus grand-chose à voir avec l’original. Et personne ne s’en plaindra.